inversion de point de vue
Ce matin, au petit déjeuner, ils parlent de M. et de sa belle histoire d'amour toute froissée, écrabouillée, mise à la corbeille à papier.
Lui : Pourquoi ça n'a pas marché tu crois ?
Elle : Ce garçon venait de vivre une histoire douloureuse, une rupture difficile, il avait peur de s'engager je crois...
Lui : Ah ben ça, c'est une attitude que je ne peux pas comprendre ! Et pourtant ça m'est souvent arrivé !
Elle : Tu as vécu des ruptures difficiles ? toi ???
Lui : Oui, plein ! mes ex ont beaucoup souffert...
Cette histoire idiote (et strictement véridique) n'est pas aussi idiote qu'il y paraît : combien de fois me suis-je dit en écoutant la dame mal habillée qui fait la mariole devant une carte sur laquelle passent des nuages tellement mal dessinés qu'on ne voit pas s'il pleut, s'il grêle, s'il neige ou s'il tombe des paillettes, combien de fois me suis-je dit, en l'entendant dire "il va faire beau" : "mais pour qui ?" (t'inquiéte, je m'entraîne pour le prix Proust de la phrase la plus longue). Le "beau temps" du vacancier n'est pas le même que le beau temps de l'agriculteur ou de l'ouvrier sur un chantier.
Les criquets frits sont-ils délicieux ?
Pour qui la croissance est-elle bonne ? pour l'actionnaire ou pour le réchauffement climatique ?
Qui le missionnaire veut-il sauver ? lui-même ou ces pauvres "sauvages" qui n'ont rien demandé à personne ?
Qui Noël fait-il rêver ? les enfants ou les commerçants ?
Bon, mais là je m'égare...